Aki Kuroda - Exposition à la Cité Impériale - Chine

En 2007, Yoyo Maeght présente au musée d’Art de la Cité Impériale de Pékin une exposition Aki Kuroda.

Les tensions entre les deux pays ne sont pas l’affaire des artistes. Pour Zhao Shulin, le commissaire de l’exposition, l’invitation du peintre japonais Aki Kuroda au sein du musée est partie d’un simple coup de cœur lors de sa dernière exposition à Pékin en novembre.

Né au Japon, Aki Kuroda habite en France depuis 1970. Célèbre pour ses silhouettes et ses fonds monochromes, le peintre est également renommé pour ses projets collectifs comme le Cosmogarden dont le premier numéro fut présenté à la Manufacture des Œillets à Ivry en 1997.

Peinture, architecture, sculpture ou vidéo, le Cosmogarden est une promenade où d’autres artistes et d’autres expressions artistiques sont invités à participer. « J’aime bien le donnant-donnant » explique Aki Kuroda. « l’idée du Cosmogarden est de créer un jardin, à la manière d’une ville, c'est-à-dire un jardin dont on ne voit pas les bords et dont on n’a pas une vue d’ensemble, à la différence des jardins Zen. Mais quand on s’y promène on sent la forme et le style du jardin, ce n’est pas programmé, ni rationnel ».

A Pékin, l’artiste a pris soin d’indiquer sur l’affiche qu’il s’agit d’une exposition personnelle. Pourtant son travail est toujours à l’affût de cette même conception de la peinture. Une soixantaine d’œuvres, sorties du fonds de la célèbre Galerie française Maeght, sont exposées.

« On dit souvent que l’art pictural est mort et que tout a été fait. Si je prends l’architecture, qui est sans doute l’icône de notre temps, il arrive parfois que les constructions soient splendides mais parfaitement inhumaines. On ne peut pas vivre dedans. Un tableau peut alors faire contraste avec un blanc ou un mur de béton et devenir comme un sas, une porte ouverte sur l’imagination, qui dépasse le côté programmé, rationnel et compréhensible du projet architectural. Cette porte, il me semble que c’est la définition de la peinture ».

« Évidemment, j’ai un lien avec la Chine. Comme tous les Japonais et les Chinois, nos histoires sont mêlées. Les caractères notamment sont d’origine chinoise. Mais je n’ai jamais exposé dans des vitrines à la manière des musées d’archéologie. Cela m’amuse car je n’ai jamais vu ma peinture dans un tel espace, cela met de la distance et me confère une certaine objectivité vis-à-vis d’elle ».

Cette surprise est à l’image de ce que le peintre a perçu de l’esthétisme chinois, qu’il qualifie subtilement de baroque.

« Cette ville est gigantesque. Face à la grandeur des tours, les critères occidentaux ou japonais ne fonctionnent pas. D’ailleurs encore maintenant je n’ai pas compris » ajoute Aki Kuroda. « Mais je ne suis pas étonné que la peinture chinoise soit figurative et non abstraite pour la plupart. Face à l’univers des buildings, les lignes, le côté mathématique, c’est l’intime, l’intériorité qui résistent ».

Et de fait, le musée fait office de lieu protégé, à deux pas de la cité interdite, blotti dans des maisons aux allures traditionnelles dont les hauteurs de plafonds ne dépassent pas les trois mètres.

Beijing Art Museum of Imperial City

Publié le 20/08/2007 par Frédérique Zingaro