Série - Les Fenêtres dans l'Art
Van Eyck, dans la "Vierge au Chancelier Rolin" de 1435, montre une scène d’intérieur avec une ouverture sur le monde.
Van Eyck représente le chancelier agenouillé devant la Vierge et l'Enfant. Le caractère ostentatoire de la figure du donateur, vêtu de brocart d'or et de fourrure à la manière d'un prince, traduit la volonté de ce dernier d'être perçu comme un haut personnage de la cour. La composition est construite de part et d'autre d'une ouverture composée de trois arcades. D'un côté, le personnage terrestre en position de prière sur un prie-Dieu recouvert d'un drap de velours ciselé et de l'autre, les personnages saints. La Vierge est assise sur un trône de marbre et porte un ample manteau brodé et orné de pierreries. Les chapiteaux de gauche représentent des scènes de l'Ancien Testament qui mettent l'accent sur les fautes de l'humanité : l'expulsion du paradis, le sacrifice de Caïn et Abel, Dieu recevant l'offrande de ce dernier, le meurtre de Caïn, Noé dans l'arche et enfin Noé recouvert par un de ses fils. Le tout est composé à la manière d'une "Sainte conversation", genre que Van Eyck contribue à mettre en place et qui sera très populaire en Italie.
Berthe Morisot peint "Eugène Manet à l’île de Wight" en 1875.
En 1874, Berthe Morisot épouse Eugène Manet. Frère du peintre, Édouard et du politicien, Auguste.
Eugène mène une existence discrète et oisive. Berthe et son mari sont à l’abri des soucis matériels ce qui leur permet de se consacrer pleinement à leur passion pour les arts.
Encouragée par son époux, Berthe poursuit sa carrière de peintre sous son nom de jeune fille. Ce petit tableau qu’elle exécute pendant leur voyage de noces en Angleterre est le premier qu’elle lui consacre.
Installés à l’hôtel du Globe Cottage à Cowes sur l’île de Wight, le couple prend le temps de savourer ces instants calmes, d'une grande douceur, parfaitement retranscrits dans cette peinture.
Wight is whight c'est comme un soleil, dans le gris du ciel, Whight is Wight… Hippie, hippie-pie.
André Breton, Marcel Duchamp, Max Ernst et Leonora Carrington, à New York en 1942, avec "Nu à la fenêtre", 1941, de Morris Hirshfield, extraordinaire peintre américain d'origine polonaise, oscillant entre surréalisme et art naïf. Décédé en 1946. Mon grand-père lui consacra, à la Galerie Maeght, une exposition rétrospective en 1951, accompagnée d'un Derrière Le Miroir.
Ils sont devant une toile de Max Ernst, exceptionnelle par ses dimensions et son sujet, je vous la présenterai ultérieurement.
Que de génies ici et qui savaient s'amuser et vivre intensément. Étonnant ce que Leonora tient entre ses genoux face au nu peint !
Marcel Duchamp "Homme à la fenêtre", 1907.
Inouï que Duchamp soit aussi "conventionnel" en 1907, se souvenir que "La Roue de bicyclette", considérée comme un des premiers "Ready made" date de 1913
"Tempête à Nice" de Henri Matisse, peint en 1919.
Venu dans le midi pour soigner une bronchite, Henri Matisse, homme du nord, découvre Nice fin 1917. Jusqu’en 1921, il séjourne dans des hôtels, lors des saisons hivernales, puis s’installe sur le cours Saleya.
"Tempête à Nice" est réalisée depuis la fenêtre de l’hôtel de la Méditerranée où le peintre s’est installé en novembre 1918.
Déçu par le mauvais temps, il est prêt à partir, "J'ai quitté l'Estaque à cause du vent et puis j'y avais attrapé une bronchite. Je suis venu à Nice pour la soigner, mais il y plut tout un mois. Finalement je décidai de quitter la ville. Le lendemain le mistral chassait les nuages, il faisait un temps magnifique… Quand j’ai compris que chaque matin je reverrai cette lumière, je ne pouvais croire à mon bonheur."
Charles Camoin, (1879 - 1965).
"Fenêtre ouverte sur le port de Saint Tropez", vers 1950.
Charles Camoin, comme tous ses amis peintres fauves, a connu Saint-Tropez au début du XXe siècle. Signac s'y installe le premier. La "huitième merveille de l'univers" était découverte ! Il fut suivi en 1903 par Henri Matisse et Henri Manguin. Au cours de l'été 1905, Albert Marquet et Charles Camoin, marseillais d'origine, le rejoignent. Jusque dans les années 1920, Camoin voyage au Maroc et séjourne à Collioure et à Toulon, puis revient à Saint-Tropez, dès lors, il partagera son existence entre le Midi et Paris.
"Fenêtre" René Magritte, 1898 - 1967.
Chef-d'œuvre de la photographie, André Kertész
"Le chien de la concierge", 1926. J'adore tout ce que raconte cette photo. Et ce qu'elle dit est différent pour chacun, c'est ça une œuvre !
Paul Delvaux "La fenêtre" de 1936.
La fenêtre est un sujet récurrent des avant-gardes de l’histoire de l’art du XXe siècle. La peinture métaphysique et le surréalisme utilisent abondamment la fenêtre pour remettre en question les habitudes perceptives. Elle est un des motifs fétiches de Magritte et de Delvaux qui, jouant de sa banalité et de son apparente innocence, lui confèrent un rôle clé dans les énigmes visuelles posées par leurs tableaux.
Dedans ou dehors ? Rêve ou réalité ? Fenêtre ou tableau ? Image ou idée ? Pour les surréalistes, la fenêtre permet la transition entre l'espace du réel et celui du mental. Magritte a particulièrement utilisé ce motif dans des compositions étranges, voire contradictoires, qui inversent les schémas logiques. Les éléments architecturaux, définissant les espaces et servant de frontières physiques, de zones de transition, tels que les façades, les écrans et les portes, sont pour lui des motifs idéaux pour introduire une confusion des plans. Cette confusion est totalement exprimée par Paul Delvaux dans "La fenêtre" de 1936.
Kees van Dongen se représente dos à la fenêtre. Une masse sombre se détache de la fenêtre. C’est l’âme de l’artiste qui est livrée ici avec ces teintes de bleu parcourant la toile. On distingue à peine les traits de son visage à contre-jour.
La Japonaise Chiharu Shiota est née à Osaka en 1972, Elle vit et travaille à Berlin depuis 1997. Et la fenêtre se fait maison.
Profil à la fenêtre de Marc Chagall, 1918.
Le soleil de la Côte d'Azur par Pierre Bonnard pour éclairer nos vies, "Fenêtre ouverte", 1921.
Éblouissant ! Quelle fantastique composition avec ce store noir qui répond au petit chat et aux verticales… Tout ne semble être qu'un assemblage de formes géométriques qui créent un équilibre parfait.
Edward Hopper, "Night Windows", 1928.
Cette peinture fait de nous des voyeurs. Dans cette scène de la nuit new-yorkaise, vue furtive d’un intérieur éclairé depuis la rue obscure, on aperçoit le corps partiellement dissimulé d’une femme en tenue légère. On rattache souvent ce tableau à une nouvelle de Sherwood Anderson, dont Hopper était lecteur, mettant en scène un pasteur confronté aux tentations de la chair après avoir découvert qu’il pouvait observer la chambre à coucher de sa voisine depuis chez lui. À plusieurs reprises, le pasteur se laisse aller à contempler le corps dénudé de la jeune femme qui néglige de baisser les stores de ses fenêtres une fois la nuit venue. La ville la nuit est un sujet fréquent dans l'œuvre de Hopper. Ici, les trois fenêtres permettent une mise en scène spectaculaire, quasiment panoramique, de l'intérieur illuminé opposé à la nuit noire, une juxtaposition que l'artiste a identifiée comme "une sensation visuelle commune".
Victor Brauner, heureusement mis en lumière au printemps dernier par le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris.
Cette peinture m'a éblouie dans ma jeunesse.
Elle reste à jamais dans mon cœur, dans mes tripes.
Pierre Bonnard, "L'atelier au mimosa".
Le maître Nabis a commencé cette toile en 1939 au Cannet puis l'a reprise en 1946 à Fontainebleau. En 1922, Bonnard découvre Le Cannet, conquis par cet havre de paix. Bonnard vient passer chaque hiver au Cannet dans divers maisons qu'il loue. En 1925, Bonnard y achète "Le Bosquet", une modeste villa situé sur la colline. L’atelier, au premier étage, est très exigu, Bonnard en fait modifier les murs pour créer une verrière qui donne sur un jardin luxuriant et sur les toits du village en contrebas.
Vers 1930, Bonnard peint une première version de cet angle de l'atelier où la vue sur le jardin n'occupe qu'un petite partie de la toile. Dans la seconde version, celle-ci, débutée en 1939, reprise et achevée à Fontainebleau en 1946, c’est la fenêtre et surtout l’immense mimosa qui occupent presque toute la surface. Un dispositif de lignes entrecroisées, créé par les ferrures de la verrière et l'oblique de la mezzanine au premier plan, recadre et démultiplie la masse mouvante, éclatante et dorée du mimosa.
Pas étonnant que mon grand-père ait choisi cette œuvre pour figurer en couverture du catalogue de l'exposition "Bonnard dans sa lumière" qu'il présente en 1975 à la Fondation Maeght. L'année suivante, l'œuvre entrera dans les collections nationales françaises, elle est aujourd'hui visible au Centre Pompidou.
"Bedroom at Arles", 1992, de Roy Lichtenstein, est une interprétation en immense et pop de la "Chambre de van Gogh à Arles." On y retrouve la même disposition que l’œuvre de van Gogh mais le mobilier a prit un petit coup de jeune !
"Les murs sont d’un violet pâle. Le sol est à carreaux rouges.
Les bois du lit et les chaises sont jaune beurre frais.
Le drap et les oreillers citron vert très clair. La couverture rouge écarlate. La fenêtre verte. La table à toilette orangée la cuvette bleue. Les portes lilas."
Extrait d’une lettre de Vincent Van Gogh à son frère Théo.
Sérigraphie réalisée pour la sortie du livre " Tardi par la Fenêtre ", en 1996.
Tardi qui nous a fait rêver et palpiter avec "Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec".