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Jacques Prévert et Pablo Picasso, à La Colombe d'or, la célèbre auberge de Saint-Paul-de-Vence.
Prévert fait partie de ces hommes qui donnent à la France ce cachet si particulier. Un libre penseur qui partage son talent avec d'autres artistes.
On ne se rend pas toujours compte de son immense contribution à ce qui s'appelle l'esprit français. Si on devait supprimer les pépites qu'il nous a offertes, notre culture serait terriblement appauvrie. Notamment le cinéma, lui qui a écrit scénario et dialogues du chef-d'œuvre "Les enfants du Paradis" ou de "Quai des Brumes" qui a su faire dire à Jean Gabin "t'as d'beaux yeux tu sais" et répondre à Michèle Morgan "Embrassez-moi", qui a ciselé la chanson du film "Les portes de la nuit" où Montand chante "Les Feuilles mortes".
Pour moi il reste celui que, petite, j'appelais l'Ogre, car il s'amusait à coller sa cigarette sur la langue, faire semblant de l'avaler pour ensuite la ressortir dans des volutes de fumée et grommeler, "Je suis l'Ogrrrre je vais te manger".

Ah làlà Yves Montand !
Le voilà en pleine démonstration, chez mon parrain, à la Colombe d'or, devant la mosaïque de Braque.
Il m'a appris à jouer au poker et à plonger. Résultat, aujourd'hui, je joue mieux au poker que je ne plonge ! Pour ses amis c'était "Montand", je n'ai jamais entendu qu'on l'appelât "Yves".
Quelques souvenirs extrais de La Saga Maeght : Parfois, nous descendons jusqu'à Cagnes et Villeneuve-Loubet à vélo puis, un peu plus âgées, à mobylette, pour nous acheter des disques ou pour conduire un de nos chiens chez le vétérinaire. D'autres fois, Montand nous embarque à l'Eden Roc où il a rendez-vous pour jouer aux cartes dans une des chambres de l'hôtel. Dans le taxi qui fonce sur les routes étroites et tortueuses qui descendent vers Antibes, il me raconte qu'il a appris à jouer au poker à la dure, avec les gars du Rat Pack, quand il était en Amérique pour tourner Le Milliardaire avec Marilyn Monroe. Sinatra et ses amis l'ont ratiboisé, il y a perdu l'intégralité de son cachet, énorme pour l'époque, mais ça valait le coup, ne serait-ce que pour un regard de Shirley MacLaine, la plus intelligente, aime-t-il répéter. « Maintenant, me dit-il, je sais jouer, ça m'a coûté assez cher. » Pour nous, il imite les gangsters américains, chante faux pour nous taquiner, nous apprend des chansons, fait le cabot, mais surtout nous fait rire, rire à en pleurer.

 

Jimmy Baldwin aussi avait choisi Saint Paul de Vence pour vivre et travailler. Ses éclats de rire résonnent encore dans mon esprit.
James Baldwin, naît en 1924 dans une Amérique ségrégationniste, enfant surdoué, il choisit, parmi tous ses talents de se consacrer à l'écriture.
Très vite, ses écrits abordent l’homosexualité, la bisexualité mais aussi l'identité et le racisme. Grand pédagogue il débat sans relâche sur les plateaux de télévision pour expliquer aux Blancs les conséquences du racisme. Le 2 juillet 1964, grâce au travail des militants pour les droits civiques, le président américain Lyndon Johnson signe le Civil Rights Act, loi interdisant la discrimination raciale et la ségrégation.
Quelques jours plus tard, le 28 juillet 1964, Jimmy est présent à l'inauguration de la Fondation Maeght, honoré par mon grand père, au même titre que les grands artistes du XXe siècle.